Réponse à un commentaire sur « Emprunter un ebook à la bibliothèque »

Il y a deux jours de ça, je postais un petit article sur les conditions pour emprunter à ebook à la bibliothèque, rédigé à chaud après à la découverte du site dont je parle dans l’article.

Suite à ça, Oros a posé la question à une bibliothécaire sur « pourquoi c’était comme ça » et a publié sa réponse ici. J’aimerais aujourd’hui apporter quelques précisions.

Tout d’abord sur l’article que j’ai écrit. Pour que les choses soient claires, en droit, j’y comprends pas grand chose. J’essais juste de faire un constat sur ce qui me parait aberrant ou dommage. J’ai envie que les choses changent, soient plus adaptées à l’ère du numérique. À partir de là, comment faire ? Je peux pas faire grand chose tout seul. Donc la solution que j’utilise c’est essayer de montrer ce qui me dérange (quitte à essayer de le tourner au ridicule) en écrivant des petits textes que les gens peuvent lire et j’espère ensuite que si on est plus nombreux à penser pareil alors les choses pourront changer.

Second point, je m’excuse si mon propos a mal été interprété, mais je ne crois pas accuser la bibliothèque en question. D’ailleurs, je ne crois avoir accusé personne, j’ai juste exposé la situation. Mais s’il faut accuser quelqu’un, je suis persuadé, tout comme la personne qui a écrit la réponse, que ce n’est pas les bibliothèques. Je comprends tout à fait que les bibliothèques essaient de faire du mieux qu’elles peuvent avec les moyens qu’on leurs donne, et pour ça, je leur en suis reconnaissant.

Troisième point, et sans doute le plus important : une solution adaptée à l’ère du numérique. C’est évidement là le nerf de la guerre. La solution actuelle, très bien expliquée dans la réponse, c’est de mettre des DRM partout pour limiter la durée de vie et la copie et imposer des « conditions de ventes abusives, onéreuses et très restrictives aux bibliothèques » pour que l’argent puisse rentrer à un moment. Le numérique a un coût − les serveurs, les développeurs du site de distribution, les auteurs et les éditeurs, etc. Et si les gens peuvent avoir gratuitement ailleurs ce pourquoi ils paient, ils vont arrêter de payer et y’aura un problème. Ça, c’est un peu le raisonnement actuel.

On peut essayer d’avoir un raisonnement un peu différent. Le physique est un monde de rareté, plus un produit est rare et demandé, plus il est cher. Si un produit est abondant et peu demandé, alors il est très peu cher. Avec le numérique, le produit est toujours surabondant, vu qu’on peut copier un fichier une nombre infini de fois pour un coût nul. Et la demande en nécessairement limitée (à l’heure actuelle, pas plus de 7 milliards de personnes sur Terre ne liront le dernier Marc Levy). Donc, mécaniquement on devrait se dire que le coût est nul (surabondance illimitée, demande limitée et donc coût nul). Sauf qu’étant donnée la surabondance, on est face à une autre problème : comment gérer cette surabondance ? Et c’est cette gestion de la surabondance qu’il est possible, je pense, de monnayer. Il faut faire un tri dans cette multitude d’œuvres et il y en a des millions que je ne veux pas lire, elles ne m’intéresseront pas du tout et je veux même pas savoir qu’elles existent. En revanche, d’autres, je veux les voir, les découvrir. Donc j’imagine un peu un site où je pourrais m’inscrire, payer un abonnement mensuel, mettons une dizaine d’euros, et avoir accès à l’ensemble des ouvrages proposés et avec des suggestions pour pouvoir en découvrir au fur et à mesure que j’en lis. Ensuite, la somme que j’ai versée est divisée en le distributeur, les auteurs que j’ai lus et les éditeurs.

Amazon propose cela. Je trouve dommage qu’on sache pas faire pareil − ou qu’on ne veuille pas, c’est selon. Certes avec Amazon il y a des points négatifs, par exemple, des DRM sur les fichiers, mais c’est je pense un premier pas. Il est dommage de se dire que les livres physiques c’étaient bien et que tout le monde était content, alors on va faire pareil pour le numérique.

Published In divers
Tags: ebook

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